Tout ce que vous devez savoir sur les fake news
De plus en plus de citoyens suivent l’actualité par le biais d’Internet. Des millions de messages, d’articles et de vidéos sont partagés quotidiennement sur des plateformes telles que Facebook ou Twitter. Avec le bombardement d’informations quotidien, les fake news font désormais partie de notre quotidien en ligne. Encore appelées infox, fausses actus ou informations tronquées, il s’agit d’informations erronées diffusées dans le but d’induire en erreur ou de manipuler l’opinion publique.
Sommaire
Quel est le but des fake news ?
Les fakes news, aussi appelées infox ou désinformation, correspondent à un ensemble de techniques de communication trompeuses visant à protéger des intérêts (privés ou non) ou à influencer l’opinion publique.
Les fake news diffusent délibérément de fausses informations. Elles tentent d’attirer l’attention avec un contenu prétendument « authentique » afin de choquer et de manipuler l’opinion publique. Les fausses nouvelles sont créées par des individus et des groupes agissant dans leur propre intérêt ou pour le compte d’autres personnes. La diffusion de la désinformation a principalement des objectifs personnels, politiques ou économiques.
Cependant, la diffusion de nouvelles fabriquées afin d’influencer l’opinion publique sur certaines questions n’est en aucun cas une nouvelle méthode de manipulation. La presse écrite notamment a fréquemment usé de ce stratagème par le passé pour faire passer des messages, en usant de titres racoleurs afin de capter l’attention des lecteurs. Cependant, à l’ère des réseaux sociaux, les infox sont désormais extrêmement difficiles à canaliser. Et ce qui était autrefois échangé dans un cadre restreint se répand désormais comme une traînée de poudre dans le monde entier, atteignant en quelques minutes plusieurs millions d’utilisateurs. Et bien malin celui qui peut prétendre les déjouer d’une simple lecture ! Désormais, les propagandistes et autres cybercriminels redoublent de créativité en développant des techniques d’ingénierie sociale très élaborées et difficilement décelables.
Quels sont les différents types de fake news ?
Les fake news servent principalement des objectifs politiques ou économiques, bien qu’il existe également des infox visant d’autres objectifs. Là où la neutralité du Net devrait faire loi, certaines fausses nouvelles servent à anéantir la réputation d’une entreprise, à provoquer des clics pour augmenter les revenus publicitaires, etc. Certaines formes de cybercriminalité sont également assimilables aux fake news. L’hameçonnage (phishing) consiste ainsi à faire croire qu’un email est envoyé par une entreprise connue, une banque, le gouvernement, etc. afin de dérober des informations personnelles.
Voici les types les plus courants de fausses informations :
- Désinformation ciblée : des nouvelles fabriquées de toutes pièces et distribuées pour des intérêts spécifiques. Ces informations sont généralement destinées à des groupes friands de ce genre d’informations. Ils qualifient le contenu de crédible et le partagent sur leurs réseaux sociaux sans le vérifier.
- Faux titres : les titres faisant mention de faits tronqués ou faux pour attirer l’attention sont depuis longtemps une méthode stylistique populaire parmi les médias. Généralement, le lecteur se rend rapidement compte que le contenu ne correspond pas au titre.
- Buzz et posts viraux : la masse d’informations publiée sur les réseaux sociaux à chaque seconde « noie » l’internaute qui ne vérifie pas chaque information avant de la partager. Or, plus une information est partagée, plus elle arrivera en tête des suggestions, touchant ainsi un plus grand nombre d’utilisateurs.
- Informations satiriques : ces infox parlent des controverses actuelles et les amalgament avec des faits imaginaires. Le risque est alors que la tonalité humoristique ou satirique ne soit pas reconnue par le lecteur.
Comment la désinformation se propage-t-elle ?
Les fake news sur les réseaux sociaux gagnent actuellement en importance et ont un impact significatif sur l’opinion publique et l’arène politique. Ils sont la principale source de ce que l’on appelle la post-vérité. La post-vérité est un vaste phénomène ayant un impact sur de multiples aspects politiques, économiques et sociaux. C’est en 2016, avec l’élection de Donald Trump et le référendum sur le Brexit, que la relation entre post-vérité et fake news est devenue évidente dans l’opinion publique.
Plus récemment, l’élection présidentielle française a également été menacée par la propagation d’infox. Plusieurs groupes Facebook, inspirés de la mouvance américaine QAnon, se sont beaucoup inquiétés de la possibilité de manipulation des résultats. Le gouvernement Macron aurait ainsi signé un accord secret avec la firme américaine Dominion, spécialisée dans les machines à voter, et qui avait déjà été montrée du doigt lors des élections américaines en 2020.
Quelques mois auparavant, c’est Brigitte Macron qui avait été violemment victime de désinformation. Bien que l’affaire ait pris de l’ampleur avec le hashtag #JeanMichelTrogneux, tout a débuté par un article de presse, et quelques photos sorties de leur contexte et/ou modifiées avec Photoshop. La multiplication de ces fake news, concernant par ailleurs tous les candidats, a conduit le gouvernement à légiférer, et il est désormais de plus en plus question de la surveillance Internet, notamment avec la fin de l’anonymat sur les réseaux sociaux.
Cette relation a existé et existe également dans d’autres domaines : la santé publique, où l’on trouve le mouvement anti-vaccin, ou encore la science, avec le mouvement créationniste, les terraplanistes ou les climatosceptiques.
Les fausses nouvelles exploitent les biais cognitifs humains de sorte que, paradoxalement, nous les trouvons plus attrayantes que les vraies nouvelles. Cette efficacité supérieure repose principalement sur deux aspects, qui sont en fait les deux faces d’une même pièce. D’une part, nous avons tendance à filtrer les informations qui nous parviennent en retenant celles qui renforcent nos croyances antérieures, et en écartant celles qui nous remettent en question. C’est ce qu’on appelle le biais de confirmation. D’autre part, nous avons tendance à rechercher des arguments et des conclusions qui vont dans le sens de nos croyances, plutôt que de chercher des arguments qui les contredisent. C’est ce qu’on appelle le raisonnement motivé.
Bien qu’il existe des exemples historiques de fausses nouvelles, ce n’est que maintenant qu’elles sont devenues plus importantes, grâce aux médias sociaux. Ces plateformes agissent comme des amplificateurs, multipliant l’impact d’une fausse nouvelle grâce à la participation des internautes à sa viralisation. Cela est également favorisé par la nature même des algorithmes qui régissent la diffusion des informations au sein de ces plateformes.
Ainsi, les réseaux sociaux agissent comme des chambres d’écho, montrant aux utilisateurs un contenu qui augmente la probabilité qu’ils restent sur le réseau social. Et les fake news agissent comme un parasite, profitant de ce système. Comme nos valeurs et nos convictions sont fortement influencées par les groupes auxquels nous appartenons, les fake news se propagent davantage en profitant des chambres d’écho des réseaux sociaux qui renforcent l’identité de notre groupe devant les autres.
Enfin, le module conversationnel ChatGPT est aujourd’hui largement utilisé pour créer des contenus destinés à être relayés via différents médias, dont les réseaux sociaux. La plateforme ayant récemment été épinglée pour sa tendance à fournir des informations erronées ou imprécises, cette utilisation soulève des questions concernant la sécurité de ChatGPT vis-à-vis du développement des fake news.
Que font les réseaux sociaux pour arrêter la désinformation ?
Les réseaux sociaux mettent en place différents outils, et notamment des sanctions pour la diffusion de fausses informations :
- Suppression de posts et de comptes contestés ;
- Coup de projecteur sur les informations crédibles pour les rendre plus faciles à trouver ;
- Mise en avant de messages d’intérêt public, les tweets d’experts en santé publique et de journalistes, sur Twitter et Facebook notamment ;
- Facebook et Instagram travaillent avec plusieurs organisations tierces indépendantes certifiées de vérification des faits dans chaque pays ;
- S’assurer que peu de personnes voient les fausses informations en classant le contenu comme Faux, ou Partiellement Faux ;
- Agir contre les récidivistes sous la forme de restrictions sur leur page ou leur compte ;
- Contrer l’ingérence étrangère. Par exemple, l’interdiction des chaînes d’informations russes en Europe, comme Spoutnik ou RT, ou encore l’interdiction des chaînes d’information françaises au Mali.
Google a également produit un livre blanc au début de l’année 2019 qui expose leur engagement à s’attaquer à la diffusion intentionnelle de la désinformation à travers Google Search, Google News, YouTube et leurs systèmes publicitaires. Il se concentre sur trois piliers fondamentaux :
- Améliorer les produits afin qu’ils continuent à faire la part belle à la qualité ;
- Contrer les acteurs malveillants qui cherchent à répandre la désinformation ;
- Donner aux internautes des éléments de contexte sur les informations qu’ils voient.
Fake news : la toute dernière évolution de la propagande ?
Les informations fausses et déformées ne sont pas vraiment une nouveauté. Elles font partie de l’Histoire des médias bien avant les réseaux sociaux, depuis l’invention de la presse écrite. C’est ce qui fait vendre les tabloïds. Il existe de nombreux exemples de fausses nouvelles à travers l’Histoire. Elles ont été utilisées par les machines de propagande nazies pour renforcer la ferveur antisémite. Elles ont joué un rôle de catalyseur dans le Siècle des lumières, lorsque la fausse explication donnée par l’Église catholique du tremblement de terre de Lisbonne de 1755 a incité Voltaire à s’élever contre la domination religieuse. Dans les années 1800 aux États-Unis, le sentiment raciste a conduit à la publication de fausses histoires sur les soi-disant défauts et crimes des Afro-Américains.
Les fake news sous leur forme moderne sont différentes des formes historiques de bêtises journalistiques dans les médias traditionnels. La vitesse à laquelle elles se propagent et l’ampleur de leur influence les placent dans une catégorie différente de leurs cousines historiques. Les fake news modernes se distinguent des anciens types de reportages intentionnellement exagérés ou faux par trois éléments uniques : le qui, le quoi et le comment.
- Qui : les fake news sont créées et diffusées soit par des personnes ayant des intérêts idéologiques, soit par des individus doués en informatique qui cherchent à gagner de l’argent.
- Quoi : il s’agit souvent de déformer et de falsifier sciemment les informations à la source, et pas seulement le contenu.
- Comment : les réseaux sociaux agissent comme des agrégateurs de nouvelles qui sont « agnostiques quant à la source ». En d’autres termes, ils collectent et présentent des nouvelles provenant d’une grande diversité de médias, indépendamment de la qualité, de la fiabilité ou des tendances politiques de la source originale.
On assiste donc à une évolution tant sur l’objectif que sur les moyens de répandre une fake news. Les exemples récents concernent principalement le conflit Ukraine – Russie et la cyberguerre que se mènent les deux pays : deep fake propagée par le président ukrainien, vidéos des supposées exactions des militaires ukrainiens qui sont en réalité extraites de reportages sur des conflits antérieurs, soi-disant attaques russes à Marioupol qui montrent des scènes du film « Fury », etc.
Comment déchiffrer la désinformation
Il peut sembler difficile de séparer les fausses nouvelles de la vérité. Ces quelques pistes pourront vous aider !
1. Identifier
L’une des principales raisons pour lesquelles les fake news se répandent si rapidement et facilement est qu’elles semblent tout à fait crédibles. Alors, comment reconnaître une fake news ?
- Si vous lisez un article sur un sujet sensible provenant d’un auteur/site que vous ne connaissez pas, effectuez quelques recherches sur la source.
- Utilisez la recherche inversée de Google images pour les photos suspectes.
- L’article comporte-t-il des fautes de français ou est-il écrit dans une langue approximative ? La plupart des sources d’information dignes de confiance vérifient soigneusement leur travail avant de le publier.
- Quelle est la source ? Vérifiez le lien du post. Souvent, les url ont été usurpées.
- L’information est-elle rapportée par d’autres médias fiables, qu’il s’agisse de journaux ou de télévision ?
2. Signaler
Si une grande partie de l’attention s’est portée sur Facebook, Google et Twitter, les autres plateformes populaires ont toutes leur propre système pour permettre aux lecteurs de signaler les fake news. Certains sont meilleurs que d’autres, quand d’autres sont inexistants. La plupart des réseaux sociaux disposent d’un raccourci qui permet de signaler une infox (chevron chez Facebook et Twitter sous la publication, « envoyer un commentaire » sur Google, etc.)
3. Prévenir
Bien qu’il soit assez difficile de prévenir la propagande et les fausses informations, chacun peut agir à son niveau :
- Ne partagez pas des informations sans les lire au préalable, et vérifiez-les si vous avez un doute.
- Utilisez les réseaux sociaux avec parcimonie.
- Faites appel à votre sens critique.
- Diffusez le moins possible d’informations personnelles en ligne. Les fake news ne concernent pas que la politique, la santé ou les people. L’actualité regorge d’exemples de fake news qui ont conduit à des tragédies : Momo challenge, affaire Samuel Paty, affaire Mila, affaire Juliette Bouvier, etc.
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